Un beau RAYON de soleil sur le Grand Prix d’Amérique 2022

La casaque verte à manches jaunes et toque rouge vient de s'imposer ce dimanche dans la plus grande épreuve mondiale du trot. Cette écurie gagnante au plus haut niveau est celle de feu Albert Rayon, riche et influent marchand de bétail actif dans toute la deuxième moitié du siècle dernier en France.

31 Jan 2022 00:11 - CET

De là-haut, Albert Rayon a très certainement souri à l’arrivée de la plus grande course de trot au monde, le Prix d’Amérique, disputé comme chaque année sur l’hippodrome de Paris-Vincennes, et qui vivait ce dimanche sa 101e édition. Lui, le Patriarche de l’Ecurie Rayon, bien que décédé en 2014 à l’âge très avancé de 93 ans, aura marqué plusieurs générations de turfistes amoureux des trotteurs, jusqu’à l’apothéose posthume qu’est cette victoire plus que méritée dans la course-reine du calendrier hippique des courses attelées, avec Davidson du Pont, paré de la fameuse casaque verte, manches jaunes, toque rouge.

Il me souvient que dans mes jeunes années, on passait la frontière près de Genève, pour aller voir les courses du meeting de Divonne-les-Bains. Je parle alors des années soixante-dix. Vers la fin de l’été, il faisait bon vivre ces quelques semaines éminemment hippiques à quelques centaines de mètres du premier Casino de France, sur les bords du lac de Divonne. L’écurie Rayon était une véritable attraction, tant elle avait pour coutume de triompher souvent sur le champ de course que chérissait son Président d’alors, André Longchamp, et les chevaux qui portaient la casaque « Rayon » se distinguaient par une présentation impeccable. Et quand on parlait des « Rayon », on parlait avec admiration et respect de « Monsieur Albert ». A cette belle époque, son « fiston » Jean-Yves, était le driver attitré de l’écurie. Remontant de Cagnes-sur-Mer dès la fin du meeting azuréen, les chevaux de l’écurie Rayon engrangeaient une bonne moisson de victoires avant de regagner leurs quartiers à la Ferme du Pont, dans l’Orne, puis de repartir en région parisienne pour le meeting d’hiver de Vincennes. Tant de fois ce rituel s’est répété. Avec pour faits d’armes marquants de nombreuses victoires dans les grandes courses de Vincennes notamment sous la houlette de Jean-René et de Michel-Marcel Gougeon, les véritables Rois de France du trot pendant plusieurs décennies.

Albert Rayon a su créer une « race » de trotteurs au fil des ans les « du Pont », avec des qualités particulières, dont la vitesse et la longévité, deux qualités qui, répétait-on bêtement dans les salons, « ne feraient pas bon ménage ». Aujourd’hui, le sourire de « Monsieur Albert » n’est pourtant sûrement pas ironique, tant ce grand monsieur du trot a su enseigner à son fils d’abord, Jean-Yves Rayon, (une des meilleurs « mains » au trot si l’on considère que sa mission était presque exclusivement de valoriser l’élevage paternel, et qu’il n’a jamais pu choisir ses montes comme l’on fait jusqu’ici les jockeys « tête de liste »), qu’il faut savoir gagner sans orgueil et perdre avec le sourire.

Albert et Jean-Yves Rayon, que mon cœur est gai au soir de ce 101e Prix d’Amérique qui vous permet d’inscrire en lettres d’or vos patronymes et suffixes à son palmarès, tant jamais une consécration à ce niveau n’aura été mieux méritée !

Jamil Boukarabila

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