Le point sur le marché du bétail laitier online à la fin de l'hiver 2022

C'est le calme (presque) plat, mais on parle de "turbulences". Il n'y a pas le feu en la demeure, mais les pompiers sont sur leur garde. Bref, il n'y a que les ragots qu'on n'arrête pas, surtout en hiver; ne faut-il pas passer le temps autour des cheminées ?

Vers la fin de cet hiver 2021-2022 en demi-teinte, Jamil Boukarabila Jaquemet analyse ainsi son marché du commerce de bétail online:

"Des catalogues de ventes traditionnelles à 60 lots à Burgdorf, on ne les avait plus vus depuis longtemps ! Le chef-lieu du marché de bétail laitier suisse nous avait plutôt habitué à de magnifiques catalogues au-dessus de 120 lots. Cela est très significatif de ce qui s'est passé cet hiver.

Nous avons eu un hiver plutôt long, avec de la neige précocement et durablement dans certaines régions. Avec des producteurs qui ont pu couler tout le lait qu'ils voulaient. D'une part la neige n'incite pas au commerce de bétail, tant les réserves de fourrage s'amoindrissent autant que l'envie de recruter de nouvelles bouches à nourrir. D'autre part, le fait de pouvoir couler des quotas de lait supplémentaires est un incitation à conserver toutes les laitières en pleine production, donc les vaches qui sont normalement les plus attractives sur le marché. Rares ont été les échanges de très bonnes vaches en deuxième lactation, même s'il y en a eu chez SWISSKUH au moins autant que sur les marchés traditionnels".

Est-il vrai que les paysans qui osent désormais utiliser la plate-forme online de SWISSKUH réalisent des bénéfices supérieurs aux attentes à l'heure d'encaisser "cash" leur bétail à la porte de l'écurie ?

"Il vous suffit de le demander aux principaux intéressés. Ceux qui ont vendu sur SWISSKUH jusqu'à 1000 CHF au-dessus de leur prix de réserve ne sont pas rares, et ceux qui vendent 500 CHF au-dessus de leur prix de réserve sont très nombreux. Cela indique bien que de vendre sur SWISSKUH en se passant d'un ou de plusieurs intermédiaires, peut rapporter gros. Vous savez, 500 CHF sur une bête de 3000 CHF, c'est quand même beaucoup d'argent qu'on ne jette pas à la poubelle ! Je me suis très souvent demandé comment il était possible que les paysans luttent d'une façon si déterminée pour 1 ou 2 centimes de plus pour leur lait ; et pourquoi à l'heure de céder sur le marché leurs ouvrières, ils les bradaient parfois sans compter justement les centaines de francs qui partaient pour les intermédiaires.....!?"

Les ventes organisées sporadiquement pour le bétail de "haute génétique" vous font-elles concurrence, est-ce un marché que vous devriez gagner ?

"Ce n'est pas du tout notre marché, ni notre conception du commerce tel que nous le souhaitons : cohérent, transparent, accessible à tous les paysans de tout le territoire national suisse. L'idée de SWISSKUH n'est surtout pas l'idée d'un "club d'initiés" qui pratiquent les "échanges de bons procédés". Peut-être qu'au niveau du spectacle, devant une scène colorée avec de jolies pom-pom girls, ça attire du monde en soirée. En cela, ces manifestations sont utiles, et je souhaite sincèrement qu'elles soient organisées régulièrement encore longtemps. Maintenant, SWISSKUH s'est dotée d'un outil de travail très performant dès l'année dernière, et nous proposons aussi à tous les éleveurs ou les associations qui le souhaitent, de mettre en valeur leur propre "TOP SALE" 100% suisse, sans avoir à passer par des outils, ne seraient-ils qu'informatiques, de pays tiers, comme les USA ou les Pays-Bas, par exemple. En Suisse avec SWISSKUH, il y a longtemps que nous avons déjà tout prévu pour que le commerce de bétail soit bien servi à la porte des étables de chaque paysan suisse, et non pas sur les scènes les plus improbables".

Il semblerait que cela vous a aussi rapporté quelques jaloux médisants....?

"L'essentiel, me répétait toujours mon papa, c'est qu'on parle de vous. Et comme aimait aussi à le répéter mon parrain Jean-Pierre Dubois : c'est fou ce qu'on vous fait de la (bonne) pub quand on parle mal de vous !".